Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Siméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Chers frères et sœurs,
Nous célébrerons aujourd’hui la présentation d’un enfant au temple de Jérusalem, la présentation d’un garçon premier-né. En effet, selon la loi juive, tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur dans son temple.
Quarante jours auparavant cet enfant naissait dans la nuit de Noël à Bethleem en Judée. Dans le dénuement d’une étable, sa mère, la Vierge Marie l’a couché dans une mangeoire. Le 8ème jour, Joseph, son père lui donna le nom de Jésus, selon ce que l’Ange du Seigneur lui avait dit.
Et les voici à présent, dans le temple pour offrir leur enfant, l’Enfant-Dieu, au Seigneur.
Frères et Sœurs,
Que signifie pour nous ce souvenir? Pourquoi l’Eglise, Mère et Educatrice, nous rassemble-t-elle aujourd’hui?
L’Eglise nous rassemble pour célébrer cet événement, car, au-delà de la consécration de l’Enfant-Dieu, la fête de la présentation de Jésus au temple, représente pour nous, en réalité, une série de rencontres et de rendez-vous à méditer pour notre vie de chrétien.
Première rencontre: la Rencontre de deux Vieillards et d’un enfant.
Il y a d’une part, Siméon et Anne, qui attendaient la réalisation de la promesse du salut d’Israël, et d’autre part, il y a l’enfant qui représente la réalisation de cette promesse faite à Israël depuis les temps anciens, promesse de salut, promesse d’un royaume qui n’aura pas de fin.
Mais la première question que pose cette rencontre est la suivante : comment ces deux vieillards ont-ils reconnu le Seigneur de gloire annoncé par Malachie ? Comment l’ont-ils reconnu sous les traits de ce nouveau-né et dans la pauvreté de ses parents?
Ils l’ont reconnu, guidé par l’Esprit Saint.
Saint Irénée de Lyon disait: « l’homme de lui-même ne peut voir Dieu, mais Dieu, s’il le veut, se fait voir ». En effet, Dieu nous surprend toujours dans l’idée que nous faisons de lui, lorsqu’il vient à notre rencontre. Seul l’Esprit Saint nous fait reconnaître sa présence dans les sacrements, mais aussi dans le quotidien de nos vies, dans l’humble service de nos frères et sœurs. St Vincent de Paul écrit dans ce sens à ses frères: « je quitte Dieu à la chapelle, pour trouver Dieu dans mes frères. »
La deuxième rencontre: c’est l’acte de consécration de l’Enfant par ses parents à Dieu.
En effet, un enfant, avant d’être un don pour ses parents, appartient à Dieu. Marie et Joseph viennent consacrer à Dieu, l’enfant qui appartient à Dieu. C’est pourquoi, la fête de la présentation du Seigneur est aussi la fête de la vie consacrée.
Cette 2ème rencontre nous rappelle que nous appartenons au Seigneur. La consécration c’est offrir à Dieu ce que nous avons reçu de lui.
La troisième rencontre: la prière du vieillard Siméon.
Arrêtons-nous devant le vieillard Siméon et méditons sa prière, son action de grâce et sa demande si singulière à Dieu: le Maître Souverain.
Recevant l’enfant dans ses bras, Siméon exulte de joie et dit:
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face des peuples ».
En recevant l’enfant dans ses bras, l’attente de Siméon, l’attente de sa vie, et l’attente de tout le peuple était comblée. Siméon était un homme âgé et il pensait peut-être, comme ses pères avant lui, qu’il mourrait avant d’avoir vu la consolation d’Israël.
Siméon n’avait pas oublié la parole de Malachie le prophète: « Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient. »
Le vieillard prend donc l’enfant de la Promesse dans ses bras mais l’enfant est plus grand que le vieillard, et sa prière devient une révélation: oui, ce n’est pas simplement un enfant que ses parents viennent consacrer au Seigneur, c’est le Seigneur lui-même qui entre dans son temple, pour sanctifier son temple par le don de lui-même, par le sacrifice de la Nouvelle alliance en son sang.
Quel bonheur pour Siméon !, là où l’œil humain voit un enfant nouveau-né, Siméon voit l’auteur de l’alliance nouvelle du Dieu d’Israël avec son peuple et tous les peuples. Il voit et annonce la consolation d’Israël, non pas à travers un roi qui vient avec puissance, mais à travers le sacrifice de la croix. Et s’adressant à sa mère, il lui dit: cet enfant sera un signe de contradiction et toi, un glaive te transpercera l’âme.
La quatrième rencontre : la rencontre de la paix de Dieu.
Siméon dit encore: maintenant tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole. Mais où donc souhaite-t-il aller en paix?
On répond, avec raison, que le vieillard parlait de sa mort. L’attente de sa vie étant réalisée, il pouvait mourir en paix.
En réalité, cette demande nous dit quelque chose qui va infiniment au-delà de cette réponse, au-delà de sa mort.
Elle nous dit qu’il y a un repos en Dieu, ici et maintenant, une entrée dans sa paix, pour ceux qui voient cet enfant et l’accueillent, pour ceux qui voient le salut de Dieu.
Cette paix, c’est la conscience de la présence de Dieu.
L’enfant que Siméon tient dans ses bras est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Sa naissance dans l’histoire des hommes vient dissiper l’inquiétude de ceux qui croient en lui et l’accueillent. Cette inquiétude, l’homme l’éprouve lorsqu’il se sent loin de Dieu. St Augustin dit que notre cœur est sans repos et inquiet tant qu’il ne repose en Dieu.
Le salut, c’est être en communion avec Dieu dans une vie que la mort n’atteint pas. Vivre en la présence de Dieu, contempler sa face en Jésus-Christ, voilà le lieu de la paix véritable.
Et lorsque, la nuit avant d’aller au lit, nous reprenons ces mots de Siméon dans la prière des Complies, nous n’appelons pas la mort, mais nous réaffirmons que, grâce au salut de Dieu en Jésus-Christ, nous pouvons reposer en sûreté, que nous soyons éveillés ou endormis, dans notre vie comme dans notre mort. Car Jésus est notre paix.
Frères et Sœurs
La cinquième rencontre de ce jour : c’est la rencontre de la lumière.
Siméon dit de l’Enfant, qu’il est la Lumière qui se révèle aux nations. Nous portons dans la liturgie de la fête d’aujourd’hui des cierges allumés, et nous reconnaissons avec Siméon que l’enfant Jésus présenté au Temple par Marie et Joseph, est la lumière qui vient éclairer tout homme qui vient dans le monde, comme le dira st Jean dans son Prologue.
Aujourd’hui, nous sommes invités à accueillir la lumière du Christ, reçue au baptême, et à être des porteurs de la lumière, des porteurs du Christ.
Frères et Sœurs et spécialement Frères et Sœurs de la vie Consacrée,
La fête de la présentation du Seigneur est aussi la fête des consacrés. Être consacré est une attitude, l’attitude de celui ou celle qui donne sans cesse sa vie au Seigneur afin de ne rien préférer à lui. Être consacré, ce n’est pas choisir de faire quelque chose pour Dieu, mais de se laisser faire par Dieu.
Le Seigneur dit à chaque consacré, comme il l’a dit à Abraham « quitte ton pays et la maison de ton Père. Marche en ma présence et sois parfait ».
Demandons à la Vierge Marie, la Toute Consacrée au Seigneur, d’accompagner chacun de nous dans le chemin de la vraie consécration. Comme la Vierge Marie, recherchons, avec son perpétuel secours, la totale disponibilité à l’Esprit Saint.
Dans l’Eucharistie, le Seigneur lui-même vient à notre rencontre comme jadis devant Siméon, au temple de Jérusalem. Il vient pour se laisser voir, se laisser toucher et se laisser manger. Accueillons-le aujourd’hui, demain et toujours, pour qu’en lui, notre joie soit parfaite. Amen.
