Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Christ, le Seigneur.
Frères et Sœurs,
Voici la nuit de Noël, la nuit où les anges ont annoncé la bonne nouvelle de la naissance de l’Enfant-Dieu aux bergers qui veillaient leurs troupeaux dans la nuit à Bethlehem. Nous pouvons noter que les anges, avant d’annoncer la naissance de l’Enfant, ont d’abord voulu rassurer les bergers. Les anges leur ont dit « ne craignez pas » !
Et à nous aussi, cette parole est adressée: « ne craignez pas, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple ».
Pourquoi cette parole nous est-elle adressée ? Qui a peur ici parmi nous? En venant ici, cette nuit, nous pouvons dire que nous n’avons aucune crainte, en tout cas, aucune crainte qui ressemble à ce que les Bergers ont pu ressentir cette nuit-là, à Bethlehem. Nous pouvons dire, au contraire, que c’est la joie de Noël qui nous anime, c’est la joie de la naissance de Jésus, le Sauveur que nous sommes venus célébrer. Nous n’avons aucune raison d’avoir peur.
Mais lorsque nous rentrons en nous-mêmes, lorsque nous pensons à nos vies, nous voyons bien que beaucoup de peurs existent en nous et autour de nous : la peur de l’avenir et de ses imprévues, la peur pour le travail et nos activités, la peur de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de ceux dont nous avons la charge, la peur de l’injustice, des violences, de la dureté du cœur des uns envers les autres, la peur de la maladie, la peur de la mort… Et en cette nuit, cette nuit de Noël, ces craintes n’ont pas disparu comme par magie. Elles demeurent.
Et c’est justement au milieu de nos craintes, de nos peurs que l’annonce des anges nous parvient et trouve un sens cette nuit chez nous aussi: « ne craignez pas ! Je viens vous annoncer une bonne nouvelle, la nouvelle d’une grande joie : aujourd’hui vous est né un Sauveur, c’est le Christ, le Seigneur ».
La nuit de Noël, les bergers, eux aussi, avaient peur. Le texte nous dit que « l’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Et ils furent saisis d’une grande crainte ».
L’expression « l’ange du Seigneur », traduit la manifestation de la présence et de la majesté de Dieu, et devant cette manifestation, l’homme ne peut qu’être saisi de crainte. Il est vrai que dans les images qui montrent l’apparition des anges, messagers de Dieu, nous voyons des figures humaines avec des ailes ; or, les anges ne sont pas des êtres humains. Ils sont porteurs d’un message qui vient d’ailleurs, et à cause de cela, leur présence peut être source de peur.
Être en présence de Dieu plonge les hommes dans l’effroi. Et les exemples sont nombreux dans les Ecritures, depuis l’Ancien Testament jusqu’aux Evangiles. La Vierge Marie devant l’apparition de l’Ange fut saisie de crainte : et l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce aux yeux du Seigneur ». Joseph, son époux, qui était un homme juste, décida de la renvoyer en secret, à cause de sa grossesse dont il n’était pas l’auteur, mais l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Math 1, 19-21. La présence de Dieu peut effrayer l’homme, mais sa parole rassure toujours et remet debout: « ne craignez pas »!
Frères et Sœurs,
Quelles que soient nos peurs et nos craintes, la manifestation de Dieu dans l’Enfant de Bethléem n’est pas celle d’un Dieu qui vient nous effrayer. Dieu se manifeste sous les traits d’un enfant, un nouveau-né. Dieu se dépouille de sa majesté pour se faire semblable à nous ; « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Qui a peur d’un enfant, d’un nouveau-né ? Benoît XVI disait que Dieu s’est fait petit enfant pour que nous puissions nous approcher de lui, le toucher, l’embrasser et nous laisser embrasser. Mais en même temps, cet enfant est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Il a voulu être notre force dans notre faiblesse, et notre lumière dans la nuit de nos doutes et de nos peurs.
Noël, c’est Dieu qui nous rejoint dans la fragilité de notre vie. Noël, c’est un chemin d’espérance, car désormais Dieu avec nous, nous revêt du manteau de sa force, lorsque nous lui remettons notre fragilité, pour ne compter que sur lui seul. Jésus dira à ses amis: « celui qui marche à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres. Il aura la lumière de la vie ».
Frères et Sœurs,
Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Christ, le Seigneur.
Lorsqu’on a peur dans la nuit, une lampe suffit pour que la peur disparaisse, car malgré l’obscurité, un chemin s’ouvre désormais. Lorsque les problèmes de la vie nous font ressentir la crainte, la grâce de Dieu est la force qui se déploie dans notre faiblesse. Dieu s’est fait homme et petit enfant, pour partager notre condition humaine depuis son commencement jusqu’à la fin. Il ne vient pas enlever les épreuves de nos vies. L’Emmanuel vient les partager, et les traverser avec nous, par sa grâce.
Frères et Sœurs,
La mission de l’Enfant de Bethlehem est de nous dire la proximité de Dieu, l’humanité de Dieu, et pour libérer l’humanité de la peur, non pas seulement la peur de la nuit, la peur de l’ennemi, la peur d’un fantôme, la peur des épreuves de toute nature, mais aussi pour nous donner la force d’accueillir la grâce de Dieu, de recevoir Dieu et de cheminer avec lui. Comme les bergers à Bethléem, Dieu vient nous envelopper de sa lumière. N’ayons pas peur de sa lumière mais suivons-la et allons adorer l’Enfant qui vient de naître.
Telle est la joie de Noël, une joie qui nous donne la paix de Dieu dans notre nuit, la nuit du monde, la nuit de nos peurs.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Amen !