Frères et sœurs,
Après la guérison de la femme qui avait la perte de sang depuis douze ans, et la résurrection de la fille de Jaïre par Jésus dans l’Evangile du dimanche dernier (Mc 5, 21-43), nous nous étonnons d’apprendre dans l’Evangile de ce dimanche, 14 e du temps ordinaire année B, que dans son propre village, « Jésus ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant des mains » (Mc 6, 5).
En effet, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent (Mc 6, 1). Jésus a un village natal, une famille, une maison. Il est descendu du ciel pour se faire l’un de nous. Proclamant la Bonne Nouvelle dans son propre village, Il n’y trouve pas l’adhésion habituelle : ses proches le rejettent. Le prophète méprisé dans sa propre maison fait penser à la parole johannique : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn1, 11), qui donne écho du conflit entre la lumière et les ténèbres : « La lumière a brillé dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue » (Jn 1, 5). Le rejet de Jésus dans son village natal a pour conséquence l’absence de grands miracles opérés.
Frères et sœurs,
Des interrogations peuvent surgir devant cette situation de la péricope évangélique de ce dimanche. Jésus, ne pouvait accomplir que des miracles chez les autres et serait incapable d’en accomplir dans son village natal ? Sa puissance de guérison aurait-elle diminué une fois chez les siens ?
La réponse est inévitablement non ! Jésus, est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. Il ne change pas selon le temps et l’espace et sa puissance est immuable. Ce qu’il peut faire à l’un, il peut le faire à tous ; ce qu’il peut faire à un endroit, il le peut partout. En ne réalisant pas de grands miracles à Nazareth, Jésus nous montre que la foi est sine qua non pour bénéficier des miracles et guérisons.
Frères et sœurs,
La foi, c’est ce qui fait fléchir le cœur de Dieu. L’Evangile affirme : « … Et il s’étonna de leur manque de foi » (Mc 6, 6). Les vrais frères et sœurs de Jésus ne sont pas ses consanguins, mais ceux qui partagent sa foi (Mc 3, 33-34). Ainsi, à la différence du dimanche dernier où Jésus dans l’Evangile a rencontré une femme pleine de foi et qui souffrait de la perte de sang, à qui il dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvé » (Mc 5, 34), Jésus, dans l’Evangile de ce dimanche se trouve devant des gens qui manquent de foi.
Lorsque la foi manque, les miracles, les actes du salut de Dieu ne peuvent pas se produire. La foi est l’élément catalyseur qui déclenche, suscite et opère les miracles, les guérisons. Elle nous fait voir les merveilles de Dieu dans nos vies.
A propos de la foi, Jésus dit : « si vous croyez en moi, vous ferez des choses que moi Jésus j’accomplis et vous en ferez de plus grandes » (Jn 14, 12).
Le manque de foi s’exprime dans le fait de rester enfermé dans ses conceptions, le refus d’être à l’écoute de ce qui arrive et de ce qui est dit.
N’est-ce pas le charpentier ? N’est-il pas le Fils de Marie ? Cette référence au métier et à la famille de Jésus était pour les habitants de Nazareth une cause de chute. Ils ne pouvaient pas entendre et croire en Jésus parce qu’ils le connaissaient trop bien. Ces deux interrogations sur l’identité de Jésus, ont une manière pour eux de rester enfermés dans leurs conceptions. L’écrivain Christian Bobin a écrit : « Il vient d’une famille où on travaille le bois. Il travaille les cœurs qui sont autrement plus durs que le bois. »
Frères et sœurs,
Nous sommes interpellés en ce dimanche à nous interroger sur notre degré de foi en Jésus. A l’instar des Apôtres qui un jour ont crié vers Jésus, élevons-nous aussi en ce dimanche nos voix vers lui en priant comme eux : « Seigneur augmente en nous la foi » (Lc 17, 5).
Que l’Eucharistie de ce jour nous obtienne cette grâce. Amen