Chers frères et sœurs,
Dimanche du Bon Pasteur ou dimanche du Bon Berger, telles sont les appellations que l’Eglise donne à ce quatrième dimanche de Pâques. Les images de berger, de brebis, d’enclos et de porte présentes dans les lectures de ce dimanche, confirment cette appellation. Pour mieux comprendre les textes de ce dimanche, je vous propose de découvrir ensemble, qui sont les bergers dans la Bible? Qui est le bon berger et qui est le voleur selon Jésus ? Quelle est la fonction de la porte quand Jésus dit dans l’Evangile qu’il est la porte ?
Les bergers dans l’Ancien Testament
Dans l’Ancien Testament, les grands hommes de Dieu ont souvent été des bergers. Abel était berger, Abraham, Isaac et Jacob étaient bergers. C’est lorsque Moise et David étaient des bergers qu’ils ont reçu leur vocation, Amos était berger. L’annonce du Fils de Dieu a été faite à des bergers. En effet, le berger ne construit pas des remparts autour de sa tente, il est en marche. Le berger n’est pas un anonyme au milieu d’une foule, il est seul. Le berger ne vit pas dans le bruit et le tumulte, il écoute le silence. C’est pourquoi, plus souvent que les autres, il entend la voix de Dieu. Le berger est un homme qui écoute, c’est aussi le gardien qui protège et qui conduit sur les bons chemins, dans les bons pâturages ses brebis. Ayant vu que Moise était un bon berger, Dieu a vu en lui la personne pourrait conduire son peuple. Dans le Psaume 23 que nous méditons ce dimanche, le Seigneur est le berger du croyant. Le Seigneur est donc lui-même le berger d’Israël : « Comme un berger, il fait paitre son troupeau : son bras le rassemble. Il porte ses agneaux sur son cœur, il mène au repos les brebis » (Is 40, 11).
En effet, les images de moutons, de brebis et de troupeaux sont souvent utilisées dans la Bible pour évoquer le peuple d’Israël, puis l’Eglise comme Peuple de Dieu. L’histoire raconte que, en Orient les brebis ne sont pas gardées dans des bâtiments fermés, mais dans des enclos entourés d’une palissade ou d’un mur. Le soir, les bergers confient leurs troupeaux au gardien de l’enclos et retournent chez eux. Le matin chacun appelle son troupeau afin de le conduire au pâturage.
Le bon berger et le voleur
Lorsque les bandits et les voleurs veulent dérober une bête, ils escaladent l’enceinte en cachette. Dans la bouche de Jésus, qui sont les voleurs ? Ce sont ceux qui ont une responsabilité spirituelle et qui égarent le Peuple de Dieu au lieu d’en prendre soin. Le berger n’a pas besoin d’escalader la clôture, il peut entrer par la porte, car tout le monde le connait. Il y a opposition entre le voleur et le bon berger, le premier entre en cachette et le second passe par la porte. Le vrai berger agit en transparence, il n’a rien à cacher. Entrer par la porte, c’est ne pas tricher. Les voleurs sont les religieux, les guides qui enferment les hommes et les femmes dans des prescriptions au lieu de les conduire sur des chemins de liberté. Les brebis ne les ont pas écoutées : le verbe écouter a un sens fort ici. Aux autorités religieuses Jésus avait déclaré : « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura si cet enseignement vient de Dieu ou si c’est moi qui parle de ma propre initiative » (Jn 7. 16.17).
La différence entre le voleur et le berger ne tient pas seulement à la manière d’entrer dans l’enclos, mais aussi à son rapport avec les brebis. Le voleur dérobe alors que le berger appelle les brebis. Il appelle ses propres brebis par leur nom. Le prophète Isaïe disait déjà au nom de Dieu : « sois sans crainte, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi » (Is 43, 1). Dans la Bible, le nom est plus qu’une façon de nommer la personne. Etre appelé par son nom, c’est être reconnu, accepté et accueilli dans son être le plus intime. A la fin de l’Evangile selon Saint Jean, lorsque Marie, rencontre le ressuscité, elle pense que c’est le jardinier. Lorsque ce dernier l’appelle par son nom, Marie, elle reconnait Jésus (Jn 20, 16). L’appel de son nom n’est pas celui du professeur qui vérifie, au début du cours que tous les élèves sont là, c’est l’appel qui me dit qui je suis, l’appel qui me permet de dire : « Me voici ».
« Le bon berger connait ses brebis et les elles connaissent sa voix » : lorsqu’un proche m’appelle au téléphone, je reconnais sa voix. Les bergers ont chacun une façon d’appeler ou de faire claquer leur langue qui fait que les brebis reconnaissent leur voix. La fréquentation de l’Evangile m’aide à discerner la voix de Dieu dans les bruits de notre monde. Les brebis ne suivent pas un étranger, un voleur parce qu’elles ne connaissent pas sa voix, et que lui ne connait pas le nom des brebis. Pour suivre quelqu’un, il faut avoir confiance. Jésus connait ses brebis et elles le connaissent. Cette connaissance résulte d’une marche commune et d’une histoire partagée. La vraie connaissance du Christ n’est pas livresque ni intellectuelle mais elle est le fruit d’un compagnonnage.
Les fonctions de la porte
« Moi je suis la porte des brebis », affirme Jésus dans l’Evangile. Une porte a deux fonctions. Elle peut rester fermée, pour protéger ceux qui sont dans l’enclos et éviter que des étrangers n’y entrent. Elle peut aussi rester ouverte pour permettre de sortir de l’enclos. Dans la séquence précédente, le berger est celui qui appelle ses propres brebis par leur nom et les mène dehors (Jn 10, 3). Un peu plus loin dans cette séquence, Jésus précisera que si quelqu’un passe par la porte, il entrera et sortira et trouvera des pâturages (Jn 10. 9).
Jésus répète l’affirmation énoncée au verset 7 : il est la porte. Il ajoute la notion de liberté. Celui qui est passé par la porte peut entrer et sortir à sa guise, circuler entre l’enclos et le pâturage. Il entrera et sortira : ces deux verbes évoquent le libre usage d’une demeure. On n’a pas besoin de sonner ni de demander l’autorisation pour sortir, quand on est chez soi. A la différence des religions qui cherchent à enfermer leurs fidèles dans un cadre strict, ceux qui sont passés par la porte qu’est Jésus sont libre d’entrer et de sortir, de se réfugier et d’aller vers de nouveaux pâturages. « Quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » : le salut ne consiste pas à entrer dans une maison pour y rester, mais à être suffisamment construit pour pouvoir entrer et sortir. La marque du salut est la liberté.
L’opposition entre Jésus et les pharisiens se radicalise : d’un coté le voleur qui vient pour abattre et détruire, et de l’autre Jésus qui est venu pour qu’on ait la vie, en abondance. Le bon berger se défait de sa vie pour ses brebis. En Jn 6. 51, Jésus se présente comme : « celui qui s’offre lui-même pour la vie du monde en parlant de sa mort pour ses brebis ». « Personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie » (Jn 15, 13). En se défaisant de sa vie pour ses brebis, le bon berger révèle son amour. L’employé ou le mercenaire, est celui qui ne s’occupe des brebis que pour son propre intérêt. Au jour du danger quand le loup arrive, il abandonne le troupeau. Les prophètes Jérémie et Ezéchiel ont comparé les dirigeants du peuple à des mauvais bergers qui n’ont pensé qu’à s’engraisser au lieu de prendre soin du troupeau qui leur a été confié (Jr 23, 1-4 ; Ez 34). Au moment de son arrestation, Jésus fera une allusion à cet enseignement en disant : « je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donné ». Parmi les responsables de l’Eglise, il peut y avoir ceux qui ne pensent qu’à leurs intérêts.
Chers lecteurs et lectrices, si nous faisons de Jésus notre unique Berger, comme le chante le psaume de ce dimanche nous ne manquerons de rien, sur des prés d’herbes fraiches, il nous fera reposer. Il nous conduira par le juste chemin et s’il nous arrive de traverser les ravins de la mort, nous ne devons craindre aucun mal car il est avec nous et son bâton nous guide et nous rassure. Chers frères et sœurs, comme un berger garde son troupeau, si nous faisons du Seigneur notre berger, il veillera sur nous. Amen !