Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde.
Frères et Sœurs en Christ,
Chaque année, le 14ème jour du mois de septembre, l’Eglise, Mère et Éducatrice, nous invite à célébrer la fête de la croix du Christ, la croix glorieuse.
Pour notre méditation de ce jour où six séminaristes de notre Famille Église de Dieu à Kpalimé: les abbés AFANTSAO Jean-Paul, ANYOMI Olivier d’une part et AGBEDZI Elisée, DALIVOR Frédéric, GNAGNA Edmond, EZO Pierre, d’autre part, sont appelés à revoir l’ordre mineur de l’acolytat et le lectorat, et à porter officiellement l’habit des lévites, interrogeons-nous sur l’origine et le pourquoi de cette fête.
L’histoire de l’Eglise nous donne deux sources non contradictoires plutôt complémentaires de cette fête.
La première source nous vient du Père François CARVAJAL, dans son livre de méditation : Parler avec Dieu, le Père CARVAJAL dit que la fête a son origine à Jérusalem dans les premiers siècles du christianisme. La première communauté chrétienne célébrait l’anniversaire du jour où elle a retrouvé la croix de Notre Seigneur. Pour cette fête, les chrétiens organisaient des processions. Selon le livre du Père CARVAJAL, l’empereur HÉRACLIUS, vêtu des habits royaux, a voulu porter personnellement la croix retrouvée jusqu’à sa place primitive sur le Calvaire. Son poids se fit de plus en plus insupportable. L’évêque d’alors Mgr Zacharie, Évêque de Jérusalem, lui fit voir que pour porter la Sainte-Croix, il devrait se dépouiller des habits impériaux et imiter la pauvreté et l’humilité de Christ, qui l’avait embrassée détaché de tout. HERACLIUS s’habilla alors avec d’humbles vêtements de pèlerins et, pieds nus, il put porter la Sainte-Croix jusqu’au sommet du Golgotha.
L’autre explication nous la retrouvons dans le Missel Romain. Le missel explique que les premiers chrétiens ont construit une église à Jérusalem sur le tombeau du Christ, l’église de la RÉSURRECTION (335). C’est au lendemain de la Dédicace de l’église de la Résurrection, que les premiers chrétiens célèbrent la Croix glorieuse.
Ce 14 septembre, la liturgie nous fait célébrer La Croix glorieuse. Il ne s’agit pas de la croix que nous portons, mais de la croix que Jésus a portée le jour de sa mort à Jérusalem. Elle est unique cette croix, elle est glorieuse car c’est par elle que le Sauveur du monde nous a sauvés.
Elle est unique, car il y a un seul sacrifice de la croix, le sacrifice rédempteur qui a sauvé l’humanité, mais n’oublions pas que la croix que nous portons sur nous, celle que nous avons au bout de nos chaînes, colliers ou de nos chapelets, la croix posée sur la table de prière dans nos oratoires à la maison ou sur l’autel eucharistique ou encore la croix que notre dévotion publique place au carrefour des rues (les calvaires) elles sont des images chrétiennes, ces croix représentent pour nous la souffrance du Christ et sa grande Victoire sur l’ennemi de Dieu et des hommes: le démon auteur du péché et de la mort.
Ces croix, nous les trouvons aussi sur les tombeaux pour annoncer la mort du Christ et proclamer sa résurrection, prémices de la résurrection de nos frères et sœurs qui dorment du sommeil de la mort.
Nous sommes malheureusement habitués à voir la croix tous les jours que Dieu fait, cette habitude nous fait parfois perdre le sens chrétien de la croix du Rédempteur, la croix glorieuse celle de la victoire.
En effet, la croix est partout dans nos rues mais elle ne règne pas partout dans nos villes.
La croix est partout dans nos maisons, dans nos chambres, dans la chambre des enfants mais elle ne règne pas dans nos familles. Pourquoi alors elle ne règne pas ? C’est parce que la peur règne plus que la croix. La croix est dans nos bureaux, à l’atelier, au marché mais elle ne règne pas dans nos paroles et conversations; pourquoi ? Parce que nous croyons beaucoup plus à la présence invisible de l’ennemi qu’à la présence de la croix victorieuse placée dans nos maisons.
Origène disait : »vous avez le Seigneur avec vous et vous craignez le danger? La Vie est avec vous et la crainte de la mort vous préoccupe? ».
Autre manière de dire que: « Nous avons la croix du Christ avec nous et nous avons peur de la nuit. La croix de la victoire est avec nous mais nous sommes très préoccupés par d’autres évènements, d’autres angoisses de notre entourage, tels que des images d’oiseaux imaginaires qui volent dans la nuit et qui nous font oublier la présence de la croix, le bois de la victoire sur le mal, une arme puissante, qui éloigne les ennemis de notre salut.
Frères et Sœurs en Christ,
Chers futurs lecteurs et acolytes,
Les textes liturgiques de ce jour nous rappellent qu’il n’y a de salut que dans le regard fixé sur le Christ, pour voir, regarder et fixer celui qui, pour nous, a été élevé sur la croix. « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde voit et contemple l’amour de Dieu. »
« En aucun autre lieu l’homme ne peut mieux se rendre compte de ce qu’il vaut, qu’en se regardant dans le miroir de la Croix ». (St Antoine de Padoue.)
Pour voir ce qui est en haut, ce qui est élevé, il faut être plus bas. Il faut s’abaisser. Celui qui s’élève, celui qui se croit déjà élevé, ne peut pas regarder dans le miroir de la Croix pour contempler l’amour de Dieu. En effet, pour nous aider à voir le ciel, « le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, s’est anéanti pour prendre la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté afin que devant lui tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers ».
Demandons la grâce d’imiter l’humilité de l’Enfant Dieu, le fils de la Vierge Marie, l’humble Servante, la Mère au pied de la croix, la femme qui, la première, a levé la tête pour voir le Christ sur la croix au calvaire. Imitons aussi, à côté d’elle, le serviteur à qui Jésus a dit « VOICI TA MERE ».
Amen