Chers frères et sœurs, en ce quatrième dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique A, nous méditons sur les béatitudes que Jésus nous propose selon l’évangéliste Matthieu, qui en fait l’introduction du discours sur la montagne. De même que, sur la montagne de Sinaï, Moïse reçut de Dieu et donna au peuple la Loi de l’ancienne Alliance, ainsi Jésus proclame sur la montagne l’Alliance nouvelle sous forme de «promesses de bonheur»: heureux les pauvres de cœur, les doux, ceux qui sont dans les larmes, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice et à cause de lui. Les béatitudes se présentent comme une charte de vie que Jésus offre à ses disciples. Elles ne constituent pas des exigences qu’il aurait préparées pour ensuite les imposer à eux. Mais, elles reflètent plutôt sa propre vie; elles décrivent son portait personnel. Si nous voulons comprendre profondément ce qu’elles signifiaient pour ses disciples hier et signifient pour nous aujourd’hui, il nous faut donc contempler Jésus lui-même.
En effet, en proposant le chemin de la pauvreté Jésus invite à cultiver la dépendance filiale, l’esprit de celui dont Dieu est l’unique vraie richesse, le seul refuge. Et le Christ lui-même a vécu sa vie comme un itinérant, qui n’avait pas où reposer sa tête. Aussi, à tous ceux qui peinaient sous le poids du fardeau de la Loi et des observances pharisaïques il a dit: «Venez à moi; mettez-vous à mon école; car je suis doux et humble de cœur». La douceur, Jésus l’a manifestée par ses attitudes de tolérance, de patience et de compréhension vis-à-vis des autres, même à l’égard de ses adversaires.
Par ailleurs, Jésus invite à l’espérance tous ceux qui sont dans la désolation, dans les larmes. Car Dieu est fidèle et ne déçoit pas ceux qui ont confiance en lui. Jésus propose aussi le chemin de la miséricorde, à l’image de la Miséricorde du Père qu’il a lui-même parfaitement révélée par sa vie. Concrètement, il a eu pitié des foules désorientées et affamées; il a eu compassion des malades, des pauvres et des faibles. Il a sympathisé avec les personnes de mauvaise réputation et pardonné les péchés. Aussi, invite-t-il à avoir un cœur pur; c’est-à-dire un cœur purifié de tout péché et qui regarde les autres et le monde avec le regard de Dieu. Toute sa vie, Jésus lui-même n’a-t-il pas cherché à faire, en tout, la volonté de son Père? Le Christ fait encore la promesse du bonheur à ceux qui militent pour la paix.
Être artisans de la paix, à l’image de Jésus «prince de la Paix», ce n’est pas seulement éviter d’être auteurs ou complices des situations de guerre. Mais c’est aussi se réconcilier avec tous ceux avec qui l’on a pu entrer en conflit; c’est lutter contre des structures injustes, contre des discriminations et des inégalités qui avilissent l’homme. Car la paix et la justice vont ensemble.
Enfin, Jésus invite à la joie les disciples qui souffrent les contradictions et toutes sortes d’épreuves à cause de leur engagement pour la justice ou de leur cohérence évangélique.
Chers frères et sœurs, les béatitudes qui sont proposées à notre méditation aujourd’hui s’opposent radicalement à l’esprit du monde, et apparaissent comme des paradoxes naïfs aux yeux de la sagesse humaine. Demandons donc à Jésus de nous donner l’humilité et le courage de suivre ces chemins du bonheur que lui-même nous a tracés avec sa propre vie.