Chers frères et sœurs en Christ,
A travers les textes de ce jour, le Seigneur nous fait découvrir le mystère de la mission des apôtres, le mystère de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Partant de l’envoie des disciples dans l’Évangile, l’apôtre Paul nous aidera, avec la seconde lecture à voir au clair cette mission qui paraît mystérieuse.
1- L’envoie des disciples en mission
Selon l’évangéliste, Jésus prévoyait déjà envoyer les douze. Voilà pourquoi il les choisit pour être plus proche de Lui. Après les avoir instruits, il les envoie finalement avec des consignes précises qui se résument en trois points : Aller deux à deux, ne prendre que le strict nécessaire et ne pas se laisser distraire par la persécution. Que signifie ces consignes ?
1-1- Aller deux à deux
Cette pratique semble être habituelle à Jésus. Par exemple, à l’entrée triomphale à Jérusalem (Mc 11, 1-2) et pour la préparation de la Pâque (Mc 14, 13) Jésus a envoyé deux disciples. Cela revêt la coutume juive selon laquelle un témoignage n’est recevable que s’il est porté par deux personnes au moins (Cf Dt 19, 15). L’évangélisation n’est pas une affaire individuelle. Elle est avant tout témoignage, témoignage de vie menée selon le cœur du maitre de la Mission. Car un témoin vaut mieux qu’un bon discoureur.
1-2- Ne prendre que le nécessaire
Le Seigneur recommande aussi strictement à ses envoyés de ne rien emporter pour la route, si ce n’est juste ce qu’il faut pour la marche missionnaire : les sandales aux pieds, la ceinture à la hanche et un bâton à la main. Cette consigne a probablement évoqué aux apôtres la fameuse pâque de la sortie d’Égypte : » … la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main (Ex 12, 11). Mais en fait, c’est là que commence la longue marche de l’Eglise, peuple de Dieu ; une marche dont les exigences sont la mobilité, la disponibilité et la liberté d’esprit. Voilà pourquoi il urge de ne pas s’étouffer avec le contingent. Il est aussi important de ne pas se laisser distraire par les contradictions au cours de la marche.
1-3- Ne pas se laisser distraire par la persécution
Cette consigne stipule que les persécutions sont inhérentes à la mission ; par conséquent l’envoyé de Dieu ne doit pas céder à la peur, mais au découragement.
En effet les apôtres viennent d’assister à l’échec de leur maître en face des siens ( Cf Mc 6, 1-6), et les oppositions des scribes n’ont cessé de croître tout au long de la vie terrestre de Jésus. La persécution semble donc être le lot des prédicateurs, des prophètes. La première lecture en est une belle illustration. Au bout de quelques mois de prédication, Amos est renvoyé de ses foyers : « va-t’en d’ici avec tes visions » (Am 7, 12). Mais si l’évangélisation consiste à annoncer l’amour et le pardon de Dieu, pourquoi rencontre-t-elle tant d’opposition ? Parce que l’homme a une autre idée sur Dieu, l’homme a le cœur endurci et la « nuque raide ».
Face au refus de la Bonne Nouvelle, Jésus préconise la persévérance et la sérénité (Cf. Mc 6,11 ; Ac 13, 51), pour pouvoir atteindre le but de la mission.
2- L’objectif de la mission
Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous fait comprendre le mystère de la mission, un mystère qui est de la volonté de Dieu.
Nous le disions plus haut que la mission consiste à annoncer l’amour et le pardon de Dieu. Selon Saint Paul, l’objectif de cette annonce est la réalisation du » dessein bienveillant de Dieu » : rassembler l’humanité toute entière en un seul Homme, la tête de la création : Jésus-Christ. Paul nous annonce trois bonnes nouvelles : Dieu a un projet sur nous et sur l’ensemble de la création, la volonté de Dieu sur la création n’est que Amour et enfin le projet de Dieu s’accomplit à travers le Christ.
2-1- Dieu a un projet sur nous et sur l’ensemble de la création
Pour Paul, ce projet divin donne un sens à l’humanité, sens compris comme direction et signification. Seul, l’homme est incapable de connaître ce projet car il s’agit d’un mystère, qui le dépasse infiniment ; alors Dieu le révèle (Eph. 1, 8-9). Avec Paul, nous comprenons qu’un mystère n’est pas un secret que Dieu garderait jalousement, mais c’est son intimité à laquelle il nous convie. C’est une autre intelligence, une autre sagesse que la nôtre.
2-2- La volonté de Dieu sur la création n’est que Amour
Dans l’Ancien Testament, le prophète Jérémie disait que « les projets de Dieu ne sont que des projets de paix et non de malheur » (Jr 29, 11). La venue du Christ a mieux révélé ce qu’est la volonté de Dieu ; le Dieu qui n’est qu’Amour veut nous faire entrer dans son intimité par son Fils bien aimé
2-3- Le projet de Dieu s’accomplit à travers le Christ
La deuxième lecture de ce dimanche, nous fait comprendre que tout advient par le Christ, avec le Christ et dans le Christ. Au vrai sens du terme, Jésus-Christ est le centre de l’histoire humaine, Lui en qui nous sommes comblés de la grâce du Père, en qui nous serons tous réunis quand les temps seront accomplis, en qui nous avons cette Bonne Nouvelle ( Cf. Eph. 1, 6.9.13).
Nous réalisons finalement que la mission apostolique est une collaboration à la réalisation du projet de Dieu sur l’humanité. La Bonne Nouvelle que Saint Paul nous révèle doit nous inciter à plus d’ardeur à la mission, afin que toute la création réunie en un seul Homme puisse vivre et savourer les délices de l’intimité divine.
Que l’Eucharistie de ce jour nous y aide. Amen.
