Grand mystère de la foi, Dieu se donne en nourriture. Nous n’en sommes pas dignes mais nous en avons tous besoin.
Frères et Sœurs,
Dans le grand mystère de l’Eucharistie où le Christ se fait nourriture pour notre vie, nous recevons dans nos mains, Celui que le ciel et la terre ne peuvent pas contenir. Dieu se penche vers l’homme et devient sa nourriture pour lui communiquer sa vie.
C’est un mystère qui dépasse l’entendement. L’homme connaît son indignité devant la sainteté de Dieu, le Très-haut, et l’homme se demande avec le psalmiste « qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? Qui peut s’approcher de Dieu, sinon l’homme au cœur pur et aux mains innocentes ? (Psaume 24).
Or, parmi les hommes, nul ne peut prétendre être cet homme-là, (cet homme- là, l’homme au cœur pur et aux mains innocentes).
Pourtant, vivre en la présence de Dieu et demeurer en lui, est le désir le plus cher que le Seigneur lui-même a placé en chacun de nous. Dans l’Eucharistie, il réalise ce désir de communion malgré notre indignité. Il vient demeurer avec nous et en nous, sous les signes du pain et du vin, pour être notre force et pour que nous vivions de sa vie.
Ce sentiment de notre indignité devant le don de l’Eucharistie a fait dire au saint Curé d’Ars : « vous n’en êtes pas dignes mais vous en avez besoin ». Le saint Curé veut nous dire que dans l’Eucharistie, c’est le Seigneur lui-même qui nous rend dignes de lui. Il se penche vers ceux qui se reconnaissent pécheurs et qui accueillent sa miséricorde, la miséricorde qui couvre les péchés. « Car ainsi parle l’Eternel, par la bouche du prophète : « J’habite dans les lieux saints et élevés ; Mais je suis avec l’homme contrit et humble, afin de restaurer et réconforter les cœurs contrits ». (Esaie 57 :15).
Frères et sœurs
En cette nuit, où nous faisons mémoire de l’institution de l’Eucharistie, je vous invite à rendre grâce pour la miséricorde de Dieu qui nous rend dignes de l’Eucharistie.
Frères et sœurs,
La sainteté, sans laquelle nul ne peut s’approcher de Dieu, ne vient pas de notre capacité, ni de nos œuvres les plus dévouées. La sainteté, c’est l’accueil de la miséricorde. Et c’est pour cela qu’au début de chaque célébration eucharistique, nous nous reconnaissons pécheurs et demandons le pardon de Dieu, comme ce publicain dans l’évangile, qui, dans le temple, n’osait pas lever la tête en présence de Dieu et se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ».
Oui, nous ne sommes pas dignes de l’Eucharistie, mais nous en avons besoin, car il est le don de Dieu pour notre vie.
En nous invitant à méditer sur la miséricorde qui nous rend dignes de l’Eucharistie, je voudrais aussi que nous demandions la grâce d’être libérés de la peur, qui nous paralyse. En effet, face à la gravité du péché, il y a l’immensité de la grâce. Le sang de Jésus nous purifie de notre péché.
Un témoin de notre temps a dit : « Tout ce que Dieu touche est sanctifié. Dieu nous rend d’abord conscients de notre péché, avant de faire de nous des saints, par la miséricorde (Florent Varak, La sainteté de Dieu).
A la suite de st Paul, nous pouvons être sûrs que l’amour de Dieu nous a libérés de la condamnation et même si notre cœur nous condamne, Dieu nous offre sans cesse son amour et désormais, rien, ni personne ne pourra nous séparer de son amour manifesté en Jésus-Christ. « Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui justifie. Qui pourra les condamner ? Le Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous (Romains 8, 33-39).
Frères et Sœurs,
La miséricorde de Dieu que nous méditons ce soir, a un autre visage : celui du serviteur. C’est le Seigneur lui-même qui se met au service de l’homme dans l’Eucharistie, il est à la fois l’autel, l’agneau du sacrifice et le prêtre. Il est celui qui nous accueille à son banquet, malgré notre indignité, en nous lavant les pieds, comme un serviteur, en signe d’accueil et de purification.
En effet, dans le récit du lavement des pieds que nous avons écouté ce soir, Jésus, au cours du dernier repas, s’est levé de table, a mis une serviette autour de ses reins et a commencé à laver les pieds de ses apôtres. Pierre, à la pensée de son indignité, a d’abord refusé que le Maître lui lave les pieds, car dans son raisonnement humain, il ne pouvait pas comprendre que celui que le Père lui a révélé comme le Messie, le Fils du Dieu vivant, puisse s’abaisser pour laver les pieds du pécheur qu’il était. Pierre dit alors : « Non, jamais tu ne me laveras les pieds » (Jn 13.8). Il a reconnu son indignité, mais il a oublié de reconnaître son besoin, le besoin d’être sauvé par le Christ qui, pour cela s’est abaissé jusqu’à prendre la condition humaine, la condition d’esclave, jusqu’à la mort et la mort sur une croix.
Jésus dit à Pierre et à nous aussi : « si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ».
Dans l’Eucharistie, nous aussi nous avons besoin que le Sauveur s’abaisse pour nous laver les pieds, signe de notre état de péché. Nous n’en sommes pas dignes, mais lui seul peut enlever notre péché par le don de sa vie. Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes, nous avons besoin des mérites de la Passion du Seigneur.
Nous ne sommes pas dignes de l’Eucharistie, mais nous en avons besoin !
Demandons au Seigneur de creuser en nous le désir de sa présence et le désir de nous laisser transformer à son image. Demandons-lui la grâce de saisir la main qu’il nous tend dans sa miséricorde, et que son Corps et son Sang donnés pour notre vie, nous gardent irréprochables pour la vie éternelle.
Amen.