1Roi 19, 9a. 11 – 13a. / Ps 84 (85). / Rm 9, 1 – 5. Mt 14, 22 – 33.
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« Elle nous sauve parfois la vie. Mais elle peut aussi nous la gâcher. Elle nous fait trembler, pleurer, reculer. Elle nous contraint à de multiples renoncements. Elle nous frappe tous. Elle est un handicap pour la moitié d’entre nous. Elle vole sa liberté à une personne sur dix ». Voilà ce que pense André Christophe, l’un des meilleurs spécialistes français des peurs et des phobies dans son ouvrage intitulé Psychologie de la peur, craintes, angoisses et phobies.
Chers frères et sœurs,
Nous venons d’écouter dans la 1ère lecture un extrait du récit de la vie d’Elie, un grand prophète, célèbre et ardent prédicateur, homme de foi et de prière, un courageux… Et pourtant traqué par la reine Jézabel, le voilà qui devient fuyard, réfugié dans une montagne, allant jusqu’à demander la mort : « Je n’en peux plus ! Maintenant Seigneur prends ma vie… » cria-t-il. Quelle grande déception pour ce grand homme de Dieu !
De jours en jour, beaucoup d’événements nous font aussi peur : les épidémies les plus ravageuses, les guerres, les coups d’état, le réchauffement climatique, les inondations, les scandales dans l’Eglise, les événements épuisants de la vie dont les horizons nous paraissent bouchés… Face à ces maux qui hantent l’homme, l’apparent silence de Dieu nous enfonce davantage dans le gouffre.
En réalité la peur de nous autres chrétiens vient du fait que nous maîtrisons mal les contours de notre foi. Il est à noter que chaque fois que nous voulons fixer le contenu de la foi, celui-ci nous échappe. La foi ne peut être que dans une constante rupture avec le passé et un cheminement vers l’avenir dans des conditions aussi risquées qu’Elie face à la haine de Jézabel ou Pierre marchant sur la mer. La foi juive était sérieusement éprouvée par ce caractère apparemment fugitif de la foi. C’est ce qui cause à Saint Paul tristesse et douleur dans la 2nde lecture de ce dimanche. Pourquoi ce brouillard entre la Loi de Moïse et la Bonne Nouvelle de Jésus pour ses frères juifs ? Pourquoi ce légalisme de leur part au point même de méconnaître ce dont ils sont les premiers destinataires ?
Frères et sœurs
Nous sommes invités à vivre l’aujourd’hui de la foi. Dans la foi il faut être prêt à oser car le Seigneur peut demander au croyant un dépassement de lui-même ; et ce dépassement ne peut pas réussir dans la peur car la peur diminue l’homme et le rend incapable de parvenir au terme de son action. Avoir peur du mal c’est déjà être dominé par lui puisqu’on devient vulnérable lorsqu’on a peur.
Dans l’évangile Pierre commença par s’enfoncer seulement au moment où il commença à avoir peur. En laissant pénétrer la peur, il s’est vidé de l’énergie du Seigneur. Très souvent nous ressemblons à Pierre ou au prophète Elie. Lorsque nous donnons trop d’importance aux menaces des vents contraires qui secouent notre vie et notre foi, nous ne pouvons que sombrer. Y-a-t-il encore pour nous une solution lorsque la peur nous saisit ?
A cause de la faiblesse de la chaire et de notre foi la peur peut nous envahir. Elie et Jérémie sont des exemples. Mais la seule solution et la meilleure, nous venons de l’apprendre de Pierre. Il faut dire non à la confiance excessive en soi, il faut cesser d’être orgueilleux pour se remettre totalement au Seigneur avec humilité et confiance. Oui ! L’Esprit est prompt mais la chaire est faible. Seul Dieu peut restaurer en nous sa force que notre peur laisse échapper. C’est là aussi que nous faisons l’expérience de l’efficacité de la miséricorde divine. Dans la vie de disciples que nous sommes d’autres élans, d’autres reniements surgiront probablement mais il suffira de crier humblement comme Pierre : « Seigneur, sauve-moi ». Que l’Eucharistie de ce jour nous y aide. Amen !
